Rencontres nationales virtuelles du RFVE

Le Réseau français des Villes éducatrices, dont le CAPE est partenaire, organise, le 19 novembre après-midi, ses Rencontres nationales virtuelles, avec, notamment, une conférence à deux voix sur le thème :

Impacts éducatifs, impacts sociaux : quelle éducation au temps du Covid ?

Renseignements et inscriptions ici.

Lettre d’information de la FCPE – Spéciale Laïcité

Après le crime atroce commis vendredi 16 octobre 2020 contre l’enseignant Samuel Paty dans l’exercice de ses fonctions, la FCPE a jugé opportun de revenir sur le principe de laïcité si discuté dans la période actuelle.

Pour accéder à l’ensemble de la Lettre d’information, cliquez ici.

Communiqué du CAPE

Le 17 octobre 2020

Faisons, plus que jamais, de l’Éducation un rempart contre l’obscurantisme !

Bouleversé par l’attentat effroyable dont a été victime un enseignant, le Collectif des Associations Partenaires de l’École publique – CAPE –, dénonce avec émotion l’odieux et barbare assassinat du professeur d’histoire-géographie du collège de Conflans-Sainte-Honorine.

Les militants de l’Éducation populaire, de l’Éducation nouvelle et des mouvements pédagogiques membres de notre collectif sont atterrés par cet acte et partagent la douleur de la famille de ce professeur, de ses proches, de ses collègues et de ses élèves.

Cet enseignant s’efforçait de transmettre à ses élèves les valeurs de la République, à travers la formation d’un esprit critique et la compréhension de ce qu’est la liberté d’expression.

Face au terrorisme, après le deuil, la stupeur et la douleur doivent laisser place à un large mouvement de mobilisation pour que, pied à pied, nous défendions notre bien commun : la République et son école.

C’est notre société tout entière qui a été attaquée, hier, au travers de la liberté d’enseigner et de débattre librement de tous les sujets à l’école particulièrement.

Comme en 2015 et en 2016, ne tombons pas dans le piège dressé, ne sombrons pas dans un climat de peur espéré par les ennemis de la démocratie.

Cette nouvelle escalade dans l’horreur et l’ignominie impose à chaque citoyen d’oser afficher son attachement aux valeurs républicaines, au premier rang desquelles la Laïcité, la Fraternité et la Solidarité et d’affirmer son attachement à l’école laïque et républicaine et à la liberté d’expression. 

Le CAPE poursuivra, avec détermination et une vigueur renouvelée, le combat pour une éducation partagée et commune émancipatrice, rempart essentiel vis-à-vis de tout obscurantisme. Il appelle tous les éducateurs, enseignants, animateurs, travailleurs sociaux, engagés pour une société solidaire et laïque à s’engager dans les actions qui, les semaines et mois à venir, affirmeront l’attachement de nos concitoyens aux libertés d’enseigner et d’expression, aux valeurs de la République.

Après l’épreuve du confinement, les enfants ont droit à de vraies vacances

Conscients de l’importance et de la nécessité d’adapter l’offre éducative de vacances au plus grand nombre d’enfants et aux jeunes dans la période très particulière que nous vivons de post confinement et de menace pandémique, les associations d’éducation populaire et les mouvements pédagogiques, complémentaires de l’école et membres du CAPE, souhaitent réaffirmer les grands principes d’une intervention conforme aux valeurs qu’elles portent d’une éducation émancipatrice, mobilisant l’ensemble de la communauté éducative à travers la coéducation, en valorisant les apports dans les apprentissages de tous les temps de l’enfant, scolaires et non scolaires.

  1. Tous les enfants doivent avoir le droit à de véritables vacances

Après deux mois de fermeture des écoles et leur réouverture progressive, il est essentiel que tous les enfants, notamment ceux des classes populaires qui ont vécu le confinement dans des conditions particulièrement traumatisantes – logement, alimentation, environnement matériel et psychologique – et alors que se sont accrues les fractures éducatives, sociales, et culturelles – dont les fractures numériques…–, aient le droit de profiter de véritables vacances, que ce soit à la journée, en mini-séjours mais aussi en séjours de vacances  de type colonies en dehors du milieu familial avant de reprendre une rentrée scolaire qui ne pourra ressembler aux années précédentes.

Ce droit des enfants aux vacances et aux loisirs doit être d’autant plus préservé dans ces moments où une attention particulière devra leur être portée après l’épreuve du confinement et celle de la menace pandémique.

  1. Ces vacances doivent avoir un contenu éducatif renforcé qui ne peut se confondre avec la forme scolaire

La notion de vacances apprenantes doit cependant être explicitée, car pour le CAPE il est essentiel de faire vivre la complémentarité éducative et pédagogique des temps extrascolaires. Les activités organisées dans le cadre des centres de loisirs sans hébergement comme des séjours vacances, qu’ils soient organisés par des collectivités territoriales ou par des associations et mouvements d’éducation populaire, sont porteuses de projets éducatifs et pédagogiques complémentaires de l’enseignement public dans une approche globale de l’éducation, où l’enfant peut apprendre autrement selon des modalités complémentaires de celles de l’école. Cette « valeur éducative ajoutée » des interventions extrascolaires pourra utilement compléter l’action des équipes enseignantes dans le cadre de la généralisation du dispositif « école ouverte » mais il n’est pas souhaitable de scolariser les vacances et d’exercer une pression scolaire qui serait contre-productive avec l’objectif recherché : permettre aux enfants de reprendre l’école dans de bonnes conditions à la rentrée prochaine.

Nous revendiquons le fait que les accueils en journée ou les séjours de vacances que nous organisons, et qui feront l’objet de propositions éducatives notamment en matière sportive, culturelle, de développement durable et transition écologique, de culture scientifique et technique, de découverte de la nature et du patrimoine, de pratiques citoyennes, découverte ou approfondissement de langues étrangères…, puissent être labellisés dans le cadre des vacances apprenantes. Mais ceci doit être fait sans programmes ni attendus pédagogiques injonctifs, en s’appuyant sur les savoir-faire de l’éducation populaire, à travers des démarches ludiques sans oublier les nécessaires moments de ressourcement, et dans le respect des choix des enfants. Pourraient d’ailleurs être valorisées, les compétences notamment psycho-sociales acquises au cours de ces séjours en utilisant par exemple la méthode des open badges.

Mais nous nous interrogeons, notamment lorsque les attendus éducatifs sont exprimés exclusivement en termes de renforcements scolaires, de prise en compte de cycles et de parcours, et de remise des prix. Il est cependant envisageable de s’appuyer sur les savoir-faire de l’éducation populaire en matière d’accompagnement à la scolarité pour construire avec les équipes enseignantes des propositions d’intervention circonscrites dans le temps pour remobiliser à la proximité de la rentrée certains enfants qui en auraient particulièrement besoin.

  1. Donner les moyens pour proposer une offre de vacances éducatives adaptées et accessibles au plus grand nombre d’enfants

La mobilisation des associations pour réussir les vacances du plus grand nombre d’enfants et de familles dans un contexte de crise épidémique suppose des aides spécifiques et des adaptations réglementaires car les conditions de mise en œuvre demandent des moyens supplémentaires, tout comme une aide renforcée aux familles pour permettre l’accès aux activités de vacances du plus grand nombre.

Enfin les modalités de recrutement d’animateurs devront être adaptées, dans la mesure où la totalité des formations BAFA ont été supprimées depuis la mi-mars tout en maintenant des ambitions de qualification (renforcement des modalités de préparation et des moments de régulation d’équipe au long du séjour).

Il faudra également veiller à renouer avec une vraie mixité sociale dans les séjours vacances en renforçant les liens existant avec les comités d’entreprises et les collectivités territoriales pour promouvoir le départ en vacances d’un public d’enfants diversifié.

  1. Lever les appréhensions des familles

Une campagne  devrait être menée auprès des familles pour inciter à l’inscription des enfants de familles populaires dans ces activités et notamment lever les réticences au départ en séjours de vacances mais aussi à partager du temps avec d’autres enfants en centre de loisirs de proximité, en associant les équipes enseignantes, les collectivités territoriales et les associations d’éducation populaire dont le maillage dans les quartiers, dans les zones rurales, dans les territoires ultra marins, qui à travers leurs multiples interventions éducatives et d’accompagnement à la scolarité permet une médiation efficace avec les familles.

  1. Co construire les politiques éducatives

Les associations et mouvements membres du CAPE rappellent leur volonté d’être associés à la co-construction d’une politique éducative avec l’État, les collectivités territoriales et les CAF, que ce soit au niveau national pour l’élaboration des cahiers des charges, le suivi et l’adaptation de ces dispositifs vacances et au niveau local à travers leur participation aux instances régionales et départementales (Groupes d’appui départementaux) prévues pour en assurer le pilotage.

Faisons de l’été 2020, à travers la participation à des vacances éducatives réussies, le levier d’une rentrée scolaire réussie et d’une relance des projets éducatifs territoriaux pour la réussite de tous les enfants.

La FCPE accompagne les parents pendant le confinement

Beaucoup de parents se posent des questions sur la manière d’accompagner leurs enfants et d’assurer la « continuité pédagogique » pendant cette période de confinement. La FCPE, première fédération de parents d’élèves, les accompagne en ouvrant gratuitement à tous les parents, son forum de formation.

6 groupes de discussion sont ouverts :

1- Je vais craquer
2- Parent seul confiné avec enfant(s)
3- Elèves à besoins éducatifs particuliers
4- Confinement et matériel
5- Suivi scolaire à la maison (continuité pédagogique)
6- Conseils de classe

Pour accéder au forum de la FCPE : https://jaimemonecolepublique.fr

Les Petits citoyens, par la Fédération Léo Lagrange

Le programme Les petits citoyens propose des outils pédagogiques de médiation et de sensibilisation adaptés aux enfants et contribue ainsi au développement d’une citoyenneté active dès le plus jeune âge. Face aux enjeux de société complexes et cruciaux, il accompagne les acteurs éducatifs et favorise l’esprit de responsabilité et d’engagement des enfants tout en transmettant des valeurs de civisme et de solidarité.

Des contenus papier et numériques, jeux éducatifs, séries animées, livres, BD… Adaptés aux enfants pour stimuler leur curiosité et les encourager à construire leur esprit d’analyse, avoir des clés de compréhension du monde, confronter des arguments et se faire ainsi leur propre opinion.

https://lespetitscitoyens.com/

Des idées pour les enseignants et les élèves

En cette période de confinement, l’OCCE met en ligne gratuitement des ressources pédagogiques pour les enseignants et des activités pour les élèves.

Pour avoir accès à ces ressources, cliquez ici

Yakamedia met chaque semaine des carnets d’activité en ligne gratuitement

La médiathèque YAKAMEDIA produira gratuitement, chaque semaine, une proposition d’activités à destination des familles mais aussi des structures d’accueil d’enfants.

Carnet n°1

Tribune de l’ICEM – Pédagogie Freinet sur la continuité pédagogique

Avec les collectifs Questions de classe(s) et Lettres Vives, ICEM-PF publie cette tribune sur la continuité pédagogique.

Continuité pédagogique ou rupture d’égalité ?
L’enseignement à distance ne doit pas être la mise à distance de notre projet éducatif

L’impérieuse et immédiate « continuité pédagogique » a été promulguée le 12 mars au soir, après des semaines de déni, sans préparation ni réflexion ni consultation.

Nous mesurons peu à peu combien ce télé-enseignement fait écran à toute tentative de réflexion éthique et pédagogique, déjà parasitée pendant trois jours par des injonctions aussi médiatisées qu’anxiogènes et contradic-toires. Pour le ministre Blanquer et sa chaîne de « commandement » administratif, l’urgence, c’était de mettre tout le monde au travail quels qu’en soient les risques. La « nation apprenante » se devait d’envoyer ses petits soldats sur le front de la bataille scolaire et pédagogique.

Combattre les inégalités, n’abandonner aucune famille sur les bas-côtés des autoroutes numériques, accueillir la vie et les angoisses liées à la mort dans le contexte de la pandémie ? Assurément, là n’étaient pas les préoccupations premières du ministre de l’éducation nationale. Pourtant, l’accès à l’éducation, comme celui aux loisirs et à la culture, est un droit pour chaque enfant, chaque jeune.

Pour nous, l’indispensable réponse sanitaire ne saurait autoriser toutes les dérives marchandes ni acter le renoncement, y compris en période de confinement, aux valeurs communes d’égalité et de fraternité de l’école publique.

Nous sommes prêts, disait le ministre.

Prêt·es… sur le plan informatique ? Le ministre aurait mieux fait d’annoncer une semaine de transition, le temps de pouvoir s’organiser avec les familles et de ne pas laisser nos élèves sans boussole dans la jungle des plateformes numériques. Mais non, l’important était de communiquer sans
fin : tout était sous contrôle…

Les innombrables bugs témoignent pourtant bien de cette impréparation : ENT (Espaces numériques de travail), logiciels et plateformes s’arrêtent, saturés par les milliers de connexions simultanées inédites. « Il y a des trous dans la raquette », reconnaît Monsieur Blanquer, oubliant que la raquette numérique de l’Éducation nationale est en réalité une vraie passoire (matériel insuffisant, obsolète et inadapté par rapport aux besoins, même en temps normal).
Depuis des années, l’Éducation nationale se retrouve coincée entre ses propres outils sous-dimensionnés et des plateformes privées qui tirent un juteux profit du désengagement de l’État. Ce qui prime pour les ministres, ce sont les supports dématérialisés qui aiguisent les appétits financiers de l’économie digitale.

Restent les problèmes essentiels sur lesquels l’institution ferme les yeux : en premier lieu le logement, puis les inégalités sociales et la fracture numérique.
Ces inégalités que nous tentons quotidiennement de combattre et d’atténuer se font criantes et sont préoccupantes, surtout si cette situation devait se prolonger. Inégalités dans l’accès à un logement permettant de vivre et d’étudier dignement, inégalités dans l’accès à un matériel informatique et à une connexion, inégalités dans l’accompagnement face au travail, entre les familles qui ne maîtrisent pas les codes et le langage de l’école – et qui bientôt seront pointées du doigt pour leur « démission » – , et celles qui réagissent en fonction de ce qu’elles en connaissent, recherchant batteries d’exercices et d’évaluations.

Mais aujourd’hui, nous voilà seul·es posté·es devant un ordinateur, soumis·es à une exigence productiviste et techniciste : produire du cours, mettre en ligne, appliquer les vieux schémas « exercices-contrôle, exercices-contrôle ».

Prêt·es… sur le plan pédagogique ? Les enseignant·es ont répondu présent·es pour honorer la promesse de continuité pédagogique à laquelle le ministre Blanquer s’est engagé, à leur place.
Conscient·es de l’importance de leurs missions, les enseignant·es passent des heures à transformer leurs cours pour qu’ils soient accessibles à distance, se forment sur le tas aux multiples outils informatiques qui leur sont proposés (ou imposés), sous la pression continuelle de l’institution, mais aussi du désarroi des parents et des jeunes angoissé·es par le travail que l’école continue à imposer, même en confinement sanitaire, même à distance.

Et pourtant, les notions de « pédagogie » et de « distance » sont-elles seulement compatibles, surtout lorsque cela se fait dans l’urgence ? Les professionnel·les du télé- enseignement, dont nous ne sommes pas, nous diront assurément que tout cela ne s’improvise pas.
Une pédagogie digne, inclusive et au service de tou·tes ne se résume pas à des supports ou à des outils. Contrairement à son homologue belge qui a communiqué sur les enjeux pédagogiques soulevés par le confinement, M. Blanquer ne nous parle que d’outils, de technique, de programme, d’exercices et surtout d’évaluations.
C’est bien là que se mesure le fossé abyssal entre notre vision de la pédagogie et celle du ministre qui, une fois de plus, la réduit à une unité de mesure et un instrument de contrôle de notre « rentabilité » où le quantitatif l’emporterait sur le qualitatif.
Parler « continuité pédagogique », c’est parler pédagogie : lier, délier, relier… les élèves, les enseignant·es et les savoirs. Avec des priorités : garder le contact avec toutes et tous, construire du collectif, former à l’autonomie, s’appuyer sur leur avis, faire découvrir le plaisir d’apprendre, créer de la solidarité, accompagner les jeunes – tou·tes les jeunes – les familles –
toutes les familles –, et non pas se contenter de mettre à disposition du travail, sans penser à la manière dont il est reçu et perçu. Apprendre c’est faire quelque chose qu’on ne sait pas faire. Les jeunes ont besoin pour cela d’être en sécurité, d’être étayé·es par le groupe, par l’enseignant·e.
Il ne suffit pas d’envoyer des « contenus » pour que l’apprentissage se fasse.
Tout comme le président Macron a mis le travail dans l’entreprise au centre de la vie des Français·es confiné·es, le ministre Blanquer met le travail au centre de la continuité pédagogique.
Un travail assommant et lui-même anxiogène pour toutes et pour tous, adultes comme enfants car, il faut bien le dire, il serait sans doute inquiétant pour le pouvoir que chacun·e ait du temps pour penser à soi, pour observer l’école, la société et aiguiser son regard critique.

Prêt·es… sur le plan éthique et humain ?
Même en situation de crise grave, le technocrate Blanquer paraît incapable de penser les vrais enjeux. Pour les familles comme pour les personnels, ni l’angoisse de la maladie et de la mort, ni l’expérience du deuil ne semblent prises en considération par l’institution.

Oui, nous avions besoin de temps, pas forcément longtemps, pour réfléchir et inventer une relation pédagogique inédite qui ne sacrifie pas l’humain sur l’autel de la technique. La « continuité pédagogique » ne doit pas mettre à mal les gestes professionnels qui rythment quotidiennement notre travail avec les jeunes : bienveillance, accompagnement, conseils.
Or maintenant, c’est à qui devra rendre le plus de travail, à qui parviendra fournir autant de cours que d’heures sur l’emploi du temps. Gavage, activités occupationnelles, tout cela sans prise en compte de la situation des foyers dans lesquels nos élèves évoluent. Pris·es dans l’urgence de la « continuité pédagogique », les enseignant·es n’ont plus de repère.

Devons-nous détourner le regard lorsque nous nous apercevons que des élèves n’ont pas la possibilité de se connecter, lorsque nous constatons que peu parviennent à rendre le travail demandé, lorsque les familles nous envoient des messages de détresse, assommées qu’elles sont par la masse de travail des enfants cumulée à leurs propres obligations professionnelles (en télé-travail ou à l’extérieur) ?

La « continuité pédagogique » met en lumière de manière criante et alarmante toutes les inégalités qui traversent l’enseignement et contre lesquelles nous luttons chaque jour.
Pourtant, maintenir du lien avec nos élèves implique de poursuivre la réflexion sur les adaptations, les inclusions (des élèves en situation de handicap, de celles et ceux à profil particulier, des allophones, des élèves de sepa, etc.), la prise en compte des besoins de chaque élève. Mais ce qui est mis en avant est l’exigence de travail à poursuivre, coûte que coûte… Et il nous en coûte beaucoup !
Nous sommes saisi·es par un vertige douloureux en prenant conscience que, par cette « continuité pédagogique », nous risquons d’entériner et de renforcer les inégalités, de violenter jeunes et familles en leur imposant une cadence de travail irresponsable.
N’adressons pas à nos élèves des directives aussi directives que celles du ministre !
Dans la situation exceptionnelle dans laquelle nous nous trouvons, quel est, en effet, notre rôle d’enseignant·e ? Quel est le sens de l’éducation et de l’école ?

Ce que devrait être une véritable continuité pédagogique

Notre ministre applaudit la promptitude avec laquelle les enseignant·es ont mis en ligne du travail pour les élèves, voulant y voir, comme à son habitude, le signe d’une adhésion à ses directives.

Mais, même dans ces circonstances exceptionnelles, nous restons des expert·es pédagogiques de terrain qui refusons le rôle de simples exécutant·es isolé·es derrière leur écran. Ne laissons pas les établissements scolaires se transformer en Call center ni les élèves devenir des clones numériques ou des ouvrièr·es du clic.

Les impensés de la « continuité pédagogique » exacerbent également le phénomène de « grand partage » scolaire, entre les « élu·es » des filières générales et les « réprouvé·es » des filières technologiques et de la voie professionnelle. Quelle place pour les travaux pratiques, pour l’apprentis-sage en ateliers, fondamentaux dans ces filières ? Comment ne pas interpréter cette omission comme une forme de mépris supplémentaire ?

Nous devons construire un enseignement à distance qui ne mette pas à distance les plus fragiles.

Pour cela, il est indispensable de prendre du recul, de continuer de réfléchir à des pratiques pédagogiques égalitaires, coopératives et éthiques.

Nous appelons tou.tes les enseignant.es à retrouver du collectif, pour réfléchir ensemble à cette indispensable continuité du lien avec nos élèves et leurs familles, et subvertir de l’intérieur une institution inhumaine qui n’a que la productivité et le travail comme mot d’ordre.

S’appuyer sur la vie, avec ses joies et ses angoisses, penser le monde, même dans ses failles, inciter à la construction et à l’expression d’une pensée critique, autonome et éclairée, s’ouvrir sur l’extérieur et sur les autres, tels étaient les principes qui inspiraient nos pratiques et qui doivent encore, à l’heure actuelle, les inspirer. Il faut pour cela ne pas hésiter à aborder les
enjeux humains, existentiels, sociaux et environnementaux que pose la situation présente, et nous dresser contre une conception utilitariste de l’école.

Ne nous laissons pas écraser, isoler, culpabiliser.
Donnons à nos élèves et à leurs familles les moyens intellectuels, pratiques, créatifs de réfléchir et d’agir sur leur condition, de se construire au mieux leur propre avenir, au-delà de ce que leur transmettent leur famille ou l’institution.
L’ émancipation pour toutes et tous est et doit rester le cœur de notre métier, de la maternelle à l’université, en passant par les filières technologiques et professionnelles.

Premiers signataires : Mathieu Billière, Catherine Chabrun, Grégory Chambat, Véronique Decker, Laurence De Cock, Catherine Mazurie, Philippe Meirieu, Irène Pereira, Arthur Servet, Jacqueline Triguel, Laelia Veron.

Télécharger la tribune en pdf.

Une année Théâ

L’OCCE vient de sortir un film sur un projet mené par son association départementale des Hautes-Pyrénées.

Pour voir ce film et découvrir une belle action de l’OCCE, rendez-vous sur https://youtu.be/MhH7VISA6bQ